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Le Maroc a frappé un grand coup au niveau mondial avec son projet d’envergure Noor Midelt, « le plus grand complexe solaire multi techniques au monde » selon Masen qui suscite l’intérêt de tous, comme Alpes Energies Nouvelles. Toutefois, cinq ans après le lancement de la première centrale solaire, située à Ouarzazate, le bilan semble mitigé. Le point dans cet article.

Un projet d’envergure unique au monde

Le complexe solaire de Noor Midelt a été inauguré en 2016 par le roi Mohammed VI. Ségolène Royale, anciennement Ministre française de l’environnement, était présente à l’événement qui était considéré comme l’un des plus grands complexes solaires du monde.

Quatre centrales, avec une capacité de 580 mégawatts, avaient alors pour objectif de réduire le coût de l’électricité au Maroc. En effet, il faut savoir que le pays importe 95 % de ses besoins en énergie. Pour pallier cela, le gouvernement a décidé de lancer un plan d’envergure pour atteindre 42 % de production d’électricité d’origine renouvelable en 2020 et 52 % en 2030. Dans la lignée, le Maroc a également fait part de son souhait de réduire de manière significative ses émissions de gaz à effet de serre (-32 % d’ici 2030).

Les décisions contestées du projet Noor Midelt

Pourtant, ces objectifs ambitieux semblent accuser un retard inquiétant. La première phase de construction, gérée par un consortium dont EDF Renouvelables fait partie, aurait près de deux ans de retard engendrant de lourdes pertes financières.

En effet, la puissance en énergies renouvelables installée atteignait en 2019 seulement 34 % de la puissance totale (soit 3 701 MW). L’Agence Marocaine pour l’Energie Durable, Masen, accuse depuis un déficit qui ne cesse de croître malgré un prêt de 1,8 milliards d’euros de la part de diverses institutions internationales. Un récent rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE), portant que la transition énergétique dans le royaume du Maroc, a ainsi mis en lumière une perte de près de 75 millions par an pour l’agence publique Masen du fait des centrales Noor I, II et III à Ouarzazate.

Les critiques portent sur deux points essentiels, à commencer par les tarifs pratiqués par Masen qui revend l’électricité à l’ONEE (l’opérateur électrique national) à un tarif nettement inférieur à celui de son coût de production. L’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE) est ainsi pointée du doigt par rapport à son rôle dans la fixation des tarifs et le fonctionnement du marché.

En outre, le choix des technologies est également le sujet de virulentes discussions. Le complexe solaire est en effet composé de plusieurs centaines de miroirs incurvés, et non de panneaux photovoltaïques. Ces miroirs incurvés ont la particularité de refléter les rayons du soleil et permettent de stocker la chaleur de la journée pour les fournir en électricité le soir. S’ils sont particulièrement adaptés à l’ensoleillement du sud du Maroc, il faut savoir qu’ils sont beaucoup plus onéreux que les panneaux photovoltaïques, dont le prix a largement diminué au cours des dernières années (-80 % en seulement dix ans).

La technologie CSP est ainsi décriée et ne semble pas justifiée au vu des pertes accumulées. Le roi Mohammed VI a ainsi « relevé un certain nombre de retards pris dans l’exécution de ce vaste projet et a attiré l’attention sur la nécessité de faire aboutir ce chantier stratégique dans les délais impartis ».