En 2023, le surendettement en France témoigne de fractures économiques et sociales qui se creusent, et laissent une grande partie de la population en situation de précarité financière. Entre chômage, isolement social et dettes de consommation, le profil du surendetté montre une chose : les difficultés actuelles des ménages français ! Une réflexion sérieuse s’impose sur l’importance de l’éducation financière, et les moyens à déployer pour éviter une spirale de dettes croissante. Décryptage !
Hausse des dépôts de dossiers, signe d’une tension économique persistante
En 2023, les chiffres du surendettement en France traduisent une situation pour le moins préoccupante… La Banque de France a recensé 121 617 dossiers de surendettement, soit une hausse de 8 % par rapport à l’année précédente. Ce retour en force du surendettement, après des années de baisse progressive, montre une fragilité économique qui perdure. Toutefois, malgré cette hausse ponctuelle, le nombre total de dossiers a diminué de moitié sur les dix dernières années, signe d’une amélioration progressive, mais sans doute temporaire.
Cette dynamique, bien qu’encourageante sur le long terme, appelle à la vigilance face aux conséquences des crises économiques récentes. Le retour en force des dossiers de surendettement indique que certains foyers peinent toujours à se stabiliser, notamment dans un contexte où les coûts de la vie ne cessent d’augmenter, impactant les ménages aux revenus modestes et moyens. Par ailleurs, l’inflation persistante et les tensions sur le marché de l’emploi ajoutent à la complexité de la situation.
Le profil type des surendettés : une population vulnérable
L’analyse des données révèle un profil type des ménages surendettés, majoritairement composé de personnes en situation de précarité sociale et économique. En 2023, 56,2 % des surendettés sont célibataires, séparés ou veufs, ce qui confirme que l’isolement social est un facteur de risque pour les finances personnelles. De plus, près de 25 % des surendettés sont au chômage, et 22,4 % d’entre eux n’ont pas d’emploi ou sont en situation de longue maladie ou d’invalidité.
Les ménages en difficulté sont souvent locataires : 75,7 % des surendettés habitent en location, soit une proportion bien plus élevée que dans la population générale. On remarque donc une incapacité de ces foyers à accéder à la propriété, souvent considérée comme un filet de sécurité patrimonial en cas de difficultés financières. Par ailleurs, moins de 3 % des surendettés sont propriétaires de leur résidence principale, comparativement aux 36,5 % dans l’ensemble des ménages français.
Les surendettés se retrouvent donc dans des situations qui les rendent extrêmement vulnérables face aux aléas économiques, sans actifs à leur disposition pour faire face à des dépenses imprévues. Le manque de ressources suffisantes pour épargner ou investir aggrave ce cercle vicieux, d’autant que 68,7 % des ménages surendettés disposent de revenus équivalents ou inférieurs au SMIC net mensuel.
Une prédominance des crédits à la consommation
Les chiffres nous montrent une chose : l’endettement des ménages surendettés se concentre principalement sur les crédits à la consommation ! En 2023, ces dettes représentent 40,1 % de l’endettement global des ménages surendettés, avec un montant moyen de 22 866 € par dossier. Les crédits à la consommation incluent des prêts personnels, des crédits renouvelables et des locations avec option d’achat (LOA), qui englobent généralement des achats de biens ou des financements de projets non essentiels.
Mais que signifie la présence de crédits à la consommation dans 72,3 % des dossiers ? Eh bien elle témoigne de la difficulté des ménages à ajuster leurs habitudes de consommation dans un contexte économique tendu. En revanche, les crédits immobiliers sont de moins en moins présents dans les dossiers de surendettement, représentant seulement 26,6 % de l’endettement total. Et cette distinction entre les types de dettes met en lumière un besoin urgent de réformer les habitudes financières au sein des foyers français. L’attrait pour les crédits à la consommation, souvent coûteux et à des taux d’intérêt élevés, risque d’alimenter le surendettement si les ménages ne parviennent pas à gérer efficacement leurs finances.
La crise des charges courantes : logement, énergie et fiscalité en hausse
En 2023, les dettes liées aux charges courantes représentent 14 % de l’endettement global des ménages surendettés. Dans le détail, ces charges incluent des arriérés de loyers, de factures d’énergie, de communications et de dettes fiscales, souvent impossibles à éponger pour des ménages à faibles revenus. Avec un montant moyen de 7 609 € par dossier, ces dettes s’accumulent et compromettent la stabilité financière des foyers surendettés.
Face à l’augmentation des prix de l’énergie et des services essentiels, les foyers fragilisés sont (naturellement) les plus affectés. Les dépenses incompressibles, auxquelles s’ajoutent parfois des taxes locales et des impôts, sont de plus en plus difficiles à gérer pour les ménages en difficulté. Les charges courantes, pourtant vitales, finissent par plomber les finances des ménages et les enfoncer dans une spirale d’endettement.
L’éducation financière, un levier essentiel pour prévenir le surendettement
L’importance de l’éducation financière apparaît ici comme une solution stratégique. Si les ménages possédaient une meilleure compréhension des risques associés aux crédits à la consommation et aux dettes courantes, ils seraient mieux équipés pour prendre des décisions financières responsables. En intégrant une formation financière dans les parcours éducatifs, on pourrait donner aux jeunes les outils nécessaires pour gérer un budget, comprendre les taux d’intérêt et identifier les alternatives aux crédits renouvelables.
De nombreuses études montrent que les individus ayant une bonne maîtrise des bases financières sont moins enclins à recourir aux crédits à la consommation pour des dépenses non essentielles. L’éducation financière, en ce sens, contribue à limiter les risques de surendettement en incitant les ménages à adopter des comportements d’épargne et à investir dans des projets durables plutôt que dans des dettes à court terme.
L’effacement des dettes, une mesure de dernier recours
Pour les situations les plus critiques, la Banque de France a choisi une solution « radicale » : elle propose des mesures d’effacement de dettes ! En 2023, 55 % des dossiers de surendettement ont bénéficié d’une réduction totale ou partielle de la dette. Ce processus d’effacement permet de redonner un souffle financier aux ménages surendettés, même si cette solution reste une mesure de dernier recours. Le montant moyen des dettes effacées s’élève à 19 745 € par dossier, pour un total de 1,2 milliard d’euros d’endettement annulé.
Source :
https://www.banque-france.fr/fr/publications-et-statistiques/statistiques/enquete-typologique-sur-le-surendettement-des-menages-en-2023