Face à une chute brutale du chiffre d’affaires, les commerçants indépendants de l’habillement tirent la sonnette d’alarme. Dans un paysage commercial en pleine mutation, les enseignes de centre-ville peinent à tenir tête aux mastodontes de la périphérie. Décryptage !
Une baisse de chiffre d’affaires qui s’inscrit dans une spirale inquiétante
Ce mois de février 2025 n’a pas fait exception à la tendance déclinante qui frappe les commerces de mode indépendants. Selon les données livrées par la Fédération nationale de l’habillement (FNH), les chiffres sont sans appel : une baisse de 8 % du chiffre d’affaires par rapport à février 2024, elle-même déjà en recul de 6,3 % par rapport à 2023. Autrement dit, la dégringolade se poursuit, inexorable. Les segments les plus touchés ? La mode femme, en chute libre avec une baisse de 12 %, suivie de près par la mode mixte (-6 %) et la mode homme (-1 %). Même constat pour des secteurs connexes comme la lingerie, le linge de maison ou encore la mercerie, qui enregistrent un recul de 11 %. Un coup dur de plus pour des professionnels déjà fragilisés par des années de mutations rapides, entre pandémie, inflation et explosion du e-commerce.
Des promotions sans visibilité, des soldes mal positionnées
En désespoir de cause, 71 % des commerçants affiliés à la FNH ont tenté de sauver les meubles en lançant des opérations promotionnelles sur leurs stocks d’hiver. Mais ces initiatives, menées hors du cadre officiel des soldes, sont restées dans l’ombre. Résultat : peu de visibilité, peu d’impact. Pour la FNH, le problème ne vient pas seulement du climat économique général, mais aussi d’une législation obsolète, notamment en ce qui concerne le calendrier des soldes.
Centres-villes désertés, boutiques en voie de disparition
Le diagnostic posé par Pierre Talamon, président de la FNH, ne laisse pas place à l’optimisme : « La situation reste critique pour les commerces de mode indépendants. En février, les résultats sont en baisse, confirmant une tendance alarmante ». Et pour cause : la vacance commerciale atteint aujourd’hui un niveau record de 14 % en centre-ville. Pire encore, la part du textile dans l’ordre commercial global s’est effondrée, passant de 33 % à 22 % en l’espace d’une décennie.
Les commerces de proximité défendus par des structures comme Pic Inter, longtemps considérés comme l’âme des quartiers, cèdent le pas à des surfaces standardisées, souvent pilotées par de grandes enseignes. Un glissement qui n’est pas sans conséquence sur la physionomie des centres-villes, dont l’animation repose en grande partie sur la vitalité du commerce local. Aujourd’hui, 66 % des dépenses des ménages se font en périphérie, contre seulement 12 % en centre-ville.
Une crise qui frappe toutes les régions… ou presque
Aucune région de France métropolitaine ne semble épargnée par cette vague de repli. En PACA, le chiffre d’affaires s’effondre de 24 % sur un an. Le Grand Est suit de près avec une chute de 20 %, l’Occitanie perd 12 %, tandis que l’Auvergne-Rhône-Alpes n’échappe pas à la tendance avec un recul de 11 %. Partout, le constat est le même : les acteurs du commerce indépendant se battent pour survivre dans un environnement devenu brutalement concurrentiel, voire inhospitalier. Seule exception à ce tableau morose, La Réunion, qui enregistre une progression remarquable de 30 % du chiffre d’affaires.
Une filière en quête de solutions durables
Derrière les vitrines vides et les bilans dans le rouge, c’est tout un secteur qui cherche un nouveau souffle. La FNH, qui fédère plus de 50 000 boutiques représentant quelque 80 000 emplois en France, tente tant bien que mal d’attirer l’attention des pouvoirs publics. Car si les acteurs du monde de la mode indépendante assument leur part de responsabilité dans l’évolution des habitudes de consommation, ils réclament également des outils pour s’adapter : meilleure visibilité pour leurs opérations, refonte du calendrier des soldes, soutien à la transition numérique, allègement des charges en centre-ville…