Nos jardins sont censés être des refuges de nature, des écrins de verdure où l’on cultive un coin de paradis personnel. Voici pour la théorie. Pourtant, en les ceinturant de murs, de grillages ou de palissades, nous les transformons en forteresses, on oublie qu’ils font partie d’un écosystème plus vaste. Et si l’on renversait cette logique ? Et si, au lieu d’enfermer nos parcelles, on les ouvrait pour permettre à la faune sauvage de circuler librement ? Une idée séduisante, mais qui vient heurter de plein fouet nos réflexes culturels et notre rapport à la propriété. Décryptage !
Des clôtures qui entravent la biodiversité
Il faut se rendre à l’évidence… ces barrières qui délimitent nos terrains sont de véritables obstacles pour la petite faune ! Le putois est incapable d’escalader un mur, le hérisson se heurte aux grillages, le crapaud, pourtant terrestre, ne trouve aucun passage. Les lapins et les lièvres, plus débrouillards, doivent rivaliser d’ingéniosité pour se faufiler. Quant aux oiseaux nichant au sol, comme la perdrix, ils se retrouvent piégés, incapables de réagir face au danger.
Le problème ne s’arrête pas là, car les animaux contraints de contourner ces entraves sont souvent obligés de longer les routes, où ils finissent trop fréquemment sous les roues des voitures. Mais au-delà de ces drames visibles, il y a une autre conséquence plus insidieuse, à savoir l’érosion génétique. Les clôtures empêchent les échanges entre populations animales, favorisent la consanguinité et fragilisent les espèces sur le long terme. Ce phénomène, largement documenté, participe au déclin silencieux d’une biodiversité déjà malmenée par l’urbanisation et l’agriculture intensive.
Clôtures et propriété, une question (avant tout) culturelle
Mais pourquoi sommes-nous si attachés à ces délimitations ? Contrairement aux Etats-Unis, où le front yard — la partie avant du jardin — s’affiche ouvertement sur la rue, le modèle français privilégie l’intimité et la sécurité. Les barrières ne sont pas seulement des protections physiques, elles sont aussi symboliques : elles marquent la frontière entre le chez-soi et l’extérieur, un sanctuaire personnel que l’on défend contre les regards, les intrusions et parfois même… les voisins.
Dans les lotissements et les zones pavillonnaires, la clôture est un élément incontournable du « package » de la maison individuelle. Une haie bien taillée, un grillage discret ou un mur imposant, chaque famille choisit en fonction de ses priorités, qu’il s’agisse d’éviter les conflits de voisinage, de se protéger des cambrioleurs ou tout simplement de garantir la sécurité des enfants et des animaux domestiques. Cette obsession de la séparation est révélatrice d’un trait plus profond : une méfiance vis-à-vis de l’autre. Contrairement aux Anglo-Saxons, les Français accorderaient moins spontanément leur confiance à leurs voisins mais il faut comprendre que la clôture permet également de se protéger du vis à vis et de garder sa tranquillité et son intimité. C’est l’avis de la majorité des clients de Daniel Moquet Clotures par exemple. La clôture devient alors un rempart psychologique autant que physique, une manière de se protéger d’un monde extérieur perçu comme incertain.
Déclôturer sans tout ouvrir : des solutions existent !
Faut-il pour autant renoncer à toute délimitation et laisser nos jardins en libre accès ? Pas nécessairement. Il est possible de concilier la préservation de la biodiversité et le besoin légitime d’intimité et de sécurité. Une première solution simple consiste à aménager des passages pour la faune. Découper la base des grillages, percer de petites ouvertures dans les murs ou espacer légèrement les palissades permettrait aux hérissons, putois et crapauds de circuler librement sans pour autant transformer nos jardins en no man’s land.
Une autre alternative serait de repenser les clôtures elles-mêmes. Plutôt qu’un mur de parpaings ou un grillage rigide, pourquoi ne pas privilégier des haies végétales denses inspirées du bocage ? Elles constituent un excellent abri pour les oiseaux, tout en servant de corridor écologique pour les petits mammifères. Les haies sèches, formées de branchages entrelacés, offrent une solution encore plus naturelle et économique, tout en favorisant la biodiversité locale. Pour ceux qui recherchent une option plus esthétique, les bordures en bois tressé, comme celles en noisetier, allient élégance et fonctionnalité.
Et si on changeait de regard ?
Derrière cette question des clôtures, c’est toute notre vision du jardin qui est en jeu. Plutôt qu’un espace hermétique, conçu comme une extension de la maison, pourquoi ne pas le voir comme un maillon d’un écosystème plus large ? Accepter qu’un crapaud vienne chasser les limaces, qu’un hérisson passe sous une haie ou qu’un chevreuil s’aventure en bordure d’un terrain, c’est participer activement à la préservation d’une faune en souffrance.
Le défi est autant écologique que culturel et a même été consacré par une loi. Déclôturer ne signifie pas renoncer à toute protection, mais adapter nos pratiques pour mieux coexister avec la nature. Un petit effort, certes, mais après tout, on peut bien faire ça pour Bambi, non ?
Sécurité, intimité et esthétisme : le trio gagnant des clôtures
Ouvrir nos jardins pour la faune, c’est une belle idée, mais encore faut-il regarder la réalité en face. Si les clôtures ont envahi les paysages urbains et ruraux, ce n’est pas par simple goût de l’enfermement. Elles répondent à des besoins bien concrets : protéger son espace, préserver son intimité et, ne l’oublions pas, embellir son extérieur.
Impossible de nier leur rôle dans la sécurisation des maisons. Une clôture, c’est d’abord un rempart contre les intrusions, qu’elles soient humaines ou animales. Un pavillon non clôturé attire plus facilement les regards et peut devenir une cible privilégiée pour les cambrioleurs. Ajoutez à cela la sécurité des enfants et des animaux domestiques, et le débat prend une autre dimension. Personne n’a envie de voir son chien filer sur la route ou son chat finir chez le voisin grincheux.
L’autre argument, c’est évidemment l’intimité. A l’heure où les terrains se réduisent et où les maisons se rapprochent, une clôture bien pensée permet de recréer un cocon, loin des regards indiscrets. Prendre son café sur sa terrasse sans croiser l’œil inquisiteur du voisin d’en face, c’est un luxe que beaucoup ne sont pas prêts à sacrifier. Et ce n’est pas qu’une question de confort, c’est un véritable choix de mode de vie.
Mais réduire les clôtures à leur seul aspect fonctionnel serait une erreur. Elles sont devenues un élément esthétique à part entière, capables de transformer un jardin en espace harmonieux. Bois naturel pour un côté chaleureux, aluminium pour une touche moderne, PVC pour un entretien minimal, composite pour allier élégance et robustesse, gabions remplis de pierres pour une allure contemporaine… Il y en a pour tous les goûts. Même le bon vieux grillage, lorsqu’il est associé à une haie végétale, sait se faire discret et efficace.
Plutôt que d’opposer nature et clôtures, peut-être faudrait-il apprendre à les concilier. Il existe des solutions pour sécuriser un espace sans totalement bloquer la faune. Des passages discrets sous les grillages, des lames espacées sur les palissades, des haies végétales en alternative aux murs massifs… Autant d’idées pour réconcilier protection et biodiversité. Parce que non, la seule alternative à un jardin muré n’est pas un terrain à ciel ouvert où tout le monde peut s’inviter. Il suffit juste de repenser la manière dont on ferme… sans forcément enfermer.