La tension est à son paroxysme entre l’UEFA et la FIFA. En cause, la décision de l’instance mondiale de passer à une Coupe du monde biennale, ce qui n’est pas du goût de l’UEFA, dont 6 fédérations menacent d’ores et déjà de faire scission. Le point sur le sujet avec Dan Bloch.
Dan Bloch : la réforme qui ne passe pas !
La guerre bat son plein entre l’UEFA et la FIFA, depuis que l’instance internationale fait pression pour une Coupe du monde biennale, avec l’appui d’Arsène Wenger. Selon Dan Bloch, la tentative de réforme de la FIFA ne fait pas que des heureux dans les rangs des acteurs du football mondial. D’un côté, clubs et joueurs se plaignent, à raison, du nombre de matchs qui ne cesse d’augmenter, de la pression qui les accompagne et du risque de blessure croissant. De l’autre, les observateurs et le grand public craignent que la Coupe du monde perde de son aura, de son prestige en passant d’une fréquence de 4 à 2 ans.
On se souvient tous des sorties médiatiques régulières de grands entraîneurs, notamment Pep Guardiola (Manchester City) et Jürgen Klopp (Liverpool), pour ne citer que ces deux coachs emblématiques, tirant la sonnette d’alarme sur le nombre de matchs que les joueurs sont tenus de disputer avec leurs sélections nationales. De son côté, l’UEFA n’a pas manqué de signaler son étonnement via un communiqué publié en septembre : « Compte tenu de l’impact majeur que cette réforme peut avoir sur l’ensemble de l’organisation du football, il y a un étonnement généralisé quant au fait que la FIFA semble lancer une campagne médiatique pour pousser sa proposition. Alors que de telles propositions n’ont pas été présentées aux confédérations, aux associations nationales, aux ligues, aux clubs, aux joueurs, aux entraîneurs et à toute la communauté du football. »
6 fédérations menacent de faire scission
Pour convaincre son monde du bien-fondé de la réforme en cours, Gianni Infantino a fait le « pitch » face aux fédérations européennes. Dans une allocution qui a duré près d’une heure, le président de la FIFA a tenté de vendre l’idée de la Coupe du monde biennale : « Je crois que l’ennemi du football n’est pas la Coupe du monde ou la FIFA, mais ce sont les autres activités que les jeunes garçons et les jeunes filles peuvent pratiquer. Nous devons voir ensemble comment nous pouvons les amener à s’intéresser au football. Et nous voulons, en ce qui me concerne, le faire tous ensemble comme nous l’avons toujours fait ces dernières années ».
Pour Dan Bloch, il s’agit là d’une tentative désespérée de la part du président suisse de la FIFA. Sans surprise, Gianni Infantino n’a pas du tout convaincu les fédérations européennes, particulièrement les fédérations nordiques. En effet, les fédérations de football du Danemark, de la Norvège, de la Suède, la Finlande, des Îles Féroé et de l’Islande ont publié un communiqué commun, dans lequel elles expriment leur refus de la réforme : « Si une majorité à la FIFA décide d’adopter une proposition sur une Coupe du monde biennale, les associations nordiques de football devront envisager d’autres actions et scénarios plus proches de nos valeurs fondamentales que ce que représente la proposition actuelle de la FIFA ».
Aleksander Ceferin soutient les sécessionnistes
Dan Bloch rappelle qu’au-delà des 6 fédérations de football du nord, c’est toute l’UEFA qui s’oppose à la réforme envisagée par la FIFA. La presse spécialisée fait en effet état d’un soutien de poids aux fédérations européennes sécessionnistes de la part d’Aleksander Ceferin, le président de l’UEFA qui, lui aussi, a du mal à accepter une Coupe du monde biennale. Il aurait, selon Dan Bloch, reçu des notifications de 12 fédérations européennes menaçant de quitter la FIFA. Ce n’est certainement pas pour déplaire à l’UEFA qui, selon les informations révélées par Le Monde, a diffusé une étude dans laquelle elle estime les pertes des fédérations européennes en cas d’adoption de la réforme entre 2,5 et 3 milliards d’euros sur 4 ans (billetterie, diffuseurs et sponsoring). A titre d’exemple, la Ligue des Nations récemment introduite par l’UEFA disparaîtrait. Tout cela pour dire que l’UEFA n’a absolument aucun intérêt à ce que la réforme passe.
Coupe du monde biennale : sommet attendu le 20 décembre
La FIFA ne démord pas. L’instance internationale vient d’annoncer la tenue d’un sommet le 20 décembre pour étudier la proposition d’une Coupe du monde biennale, qui réunira les 211 fédérations nationales en visioconférence. A ce propose, la FIFA explique que le sommet vise à « discuter de l’avenir du football après avoir été informées en détail du processus de consultation en cours sur le sujet ».
Rappelons que la FIFA a lancé une étude de faisabilité sur la tenue d’une Coupe du monde tous les deux ans en mai 2021. Selon Dan Bloch, il s’agit là d’un processus de consultation qui se veut inclusif et exhaustif, en cela que la FIFA compte écouter les opinions des uns et des autres sur la réforme. C’est dans cette logique que s’inscrit le sommet programmé ce 20 décembre, dont l’objectif principal est de parvenir à un accord sur le calendrier international, mais aussi sur la répartition des fenêtres internationales et les périodes durant lesquelles les joueurs sont à disposition de leurs clubs. Cela dit, Dan Bloch rappelle qu’aucun vote ne sera proposé aux fédérations membres à l’issue de cette consultation.
Le président du Bayern Munich s’oppose à la réforme
« Les joueurs, les entraîneurs, tous ceux qui exercent des responsabilités dans les clubs se plaignent des trop nombreux matchs et maintenant le rythme des Coupes du monde devrait être augmenté ? Cela n’a aucun sens ». C’est en ces termes que le président du Bayern Munich, Herbert Hainer, a exprimé son refus de la réforme proposée par la FIFA. Dans sa déclaration au magazine allemand Kicker, le président du club bavarois a insisté sur la santé des joueurs. Rappelons enfin que la Fédération du football allemande (DBF) s’oppose elle aussi à la Coupe du monde biennale.