DE NOBIS : Monsieur Pierre Achach, vous avez travaillé dans le secteur pétrolier du Burundi, quels sentiments vous inspirent la situation actuelle ?
Pierre Achach : Tout d’abord, c’est un sentiment de tristesse. Le Burundi avait parcouru beaucoup de chemin depuis les évènements tragiques des années 90. La paix était revenue, et l’économie était repartie bien que faiblement. Mais le Burundi avait un grand potentiel ; il n’y a qu’à regarder ce qu’il se passe dans le pays voisin, très comparable dans sa population et ses ressources, le Rwanda. Les progrès réalisés au Rwanda sont tout simplement éblouissants. Le Burundi a tout pour suivre la même voie.
DE NOBIS : Pensez-vous que le Président Pierre Nkurunziza n’aurait pas dû se présenter à l’élection présidentielle ?
Pierre Achach : Quand on analyse la situation actuelle, la réponse à cette question,
rétrospectivement, est évidente, il aurait dû prendre du recul et, fort de sa légitimité d’ancien président, aurait pu continuer à peser sur les grandes orientations du pays. Mais il est toujours plus facile de réécrire l’histoire que de la faire. Ceci étant dit, le Président Nkurunziza avait fait du bon travail, tant du point de vue de la situation sécuritaire que dans la pacification du pays. Il avait réussi à attirer des investisseurs étrangers et ça et là des projets commençaient à voir le jour.
DE NOBIS : Comment pensez-vous que le Burundi peut sortir de la crise ?
Pierre Achach : Je crois tout d’abord que la solution est à trouver au Burundi, avec peut être l’implication des pays voisins mais compte tenu de la tension qui règne en ce moment, il serait contreproductif d’impliquer trop de d’intervenants, et en particulier les anciennes puissances coloniales. Il y a de part et d’autre, au Burundi, des personnes responsables qui souhaitent sortir de la crise et qui sont prêtes à faire des concessions.
DE NOBIS : Pour finir sur une note plus positive, quels sont les secteurs susceptibles d’attirer des investisseurs quand le calme sera revenu ?
Pierre Achach : Il y a de nombreux secteurs attractifs au Burundi. L’agriculture en est un, l’immobilier en est un autre. Puis si le prix des matières premières remonte, le secteur minier a un très gros potentiel de même que le secteur pétrolier, mais malheureusement pas avec un baril de pétrole à 30 dollars.
DE NOBIS : Monsieur Pierre Achach, nous vous remercions.