Dans le monde de l’entreprise, comprendre et répondre aux attentes des investisseurs est un défi complexe, et cette complexité porte un nom : la diversité des acteurs financiers. En effet, les profils des investisseurs varient grandement, allant de l’actionnaire individuel au hedge fund, en passant par les family offices, les OPCVM, et même l’Etat actionnaire. Chacun de ces investisseurs a des attentes spécifiques, bien que tous partagent le dénominateur commun de la création de valeur financière, élément fondamental pour la pérennité de toute entreprise. Cela dit, la difficulté réside dans la définition même de la « valeur financière », un concept central mais difficile à appréhender, qui varie en fonction des perspectives et objectifs de chaque investisseur. Décryptage !
Redéfinition de la notion de valeur financière face à l’évolution des attentes des investisseurs
D’emblée, il faut savoir que la notion de valeur financière est interprétée de différentes manières par les investisseurs. Pour certains, elle se manifeste par l’augmentation du cours de bourse, tandis que pour d’autres, elle se traduit par l’accroissement du dividende distribué. Les perspectives sur la valeur financière varient également en termes de temporalité, certains privilégiant une approche à court terme, tandis que d’autres se concentrent sur le long terme. De plus, l’évaluation de cette valeur peut dépendre de divers modèles de calcul, y compris ceux qui prennent en compte les coûts environnementaux liés à l’activité de l’entreprise.
Les entreprises, face à des préoccupations citoyennes et consommatrices croissantes, sont désormais tenues de rendre compte de leur impact sur la société, au-delà de leur contribution purement économique et financière. Les investisseurs, en réponse à ces évolutions, adaptent progressivement leurs attentes pour les aligner sur celles des citoyens. Dans ce contexte, les entreprises cotées ne peuvent plus se limiter à communiquer uniquement sur leurs résultats financiers. De l’avis de Rivalis, elles sont désormais contraintes de justifier leur stratégie et la cohérence de leurs projets industriels avec leurs engagements, souvent pris sous la pression publique. Elles doivent également évaluer et communiquer sur les impacts sociaux et environnementaux de leurs activités.
La réponse des entreprises aux exigences croissantes des investisseurs
En période de crise, le marché, devenu hypersensible, réclame des réponses immédiates à des questions complexes nécessitant des analyses approfondies. Pour les entreprises et leurs dirigeants, l’enjeu est de ne communiquer que des informations vérifiées et fiables. Cette rigueur dans la communication est également importante envers les employés pour assurer la continuité des activités, prévenir les fuites d’informations sensibles et éviter les départs massifs, le tout sous la pression constante des fluctuations boursières.
L’entreprise moderne est perçue comme un « objet d’intérêt collectif », chargée de contribuer à l’édification d’une « société plus juste », une vision renforcée par la loi Pacte. La Directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) vient quant à elle insuffler la notion de profit juste, en écho à la modification de l’article 1833 du Code civil français qui élargit la définition de l’intérêt social pour inclure les enjeux sociaux et environnementaux. Ces évolutions représentent une mutation paradigmatique, marquant un glissement de l’entreprise, autrefois vue comme la propriété de ses actionnaires à la manière de l’Ecole de Chicago et de Milton Friedman, vers une entité au cœur des intérêts collectifs et un outil de transformation sociale.
Les attentes des investisseurs ne se sont pas simplement modifiées, elles se sont amplifiées. Elles se fondent désormais sur une exigence accrue de redevabilité et de transparence, interrogeant les dirigeants sur une question centrale : les entreprises ont-elles les moyens de répondre à ces nouvelles attentes ?