L’une des femmes les plus puissantes de l’Égypte ancienne, Néfertiti exerçait son règne aux côtés du pharaon Akhenaton de 1353 à 1336 av. J.-C. et aurait gouverné le Nouvel Empire tout de suite après la mort de son mari. Son époque a été une période de bouleversements culturels énormes, car Akhenaton a réorienté la structure religieuse et politique de l’Égypte autour du culte du dieu solaire Aton. Néfertiti est surtout connue pour son buste en calcaire peint, qui a été redécouvert en 1913 et est devenu une icône mondiale de la beauté et du pouvoir féminins. Mais, Boutros Helmi, un passionné d’égyptologie, nous précise que la beauté du buste emblématique de Néfertiti ne peut être que trompeuse. Les scanographies effectuées sur l’œuvre en 2009 ont révélé que sous la surface de la sculpture lisse se trouvait une forme en calcaire plus réaliste d’une femme aux joues ridées et avec un nez aquilin.
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Néfertiti et sa fonction de reine
Néfertiti, selon les égyptologues, était peut-être la fille d’Ay, un conseiller supérieur qui allait devenir pharaon après la mort du roi Tut en 1323 av. J.-C.. Une autre théorie suggère qu’elle était une princesse du royaume Mittani dans le nord de la Syrie. Elle était l’épouse préférée de son mari quand il monta sur le trône à Thèbes sous le nom d’Amenhotep IV. Au cours de la cinquième année de son règne, il a déplacé le principal dieu égyptien Amon en faveur d’Aton, il a aussi déplacé la capitale du nord vers Amarna et a changé son nom en Akhenaton. À cette époque Néfertiti était surnommée « Neferneferuaten » – son nom complet signifiant « Belles sont les beautés d’Aton, une belle femme est venue. ».
Le changement de la religion par Akhenaton a entraîné des modifications radicales dans l’art de l’ancienne Égypte. S’éloignant des images idéalisées des anciens pharaons, Akhenaton est parfois représenté avec des hanches féminines et des traits exagérés. Les premières images de Néfertiti montrent une jeune femme ordinaire de l’époque, mais dans les sculptures ultérieures, elle est devenue presque une réplique d’Akhenaton révélant une figure royale assez réaliste.
Sur les murs des tombeaux et des temples construits pendant le règne d’Akhenaton, Néfertiti est représentée aux côtés de son mari avec une fréquence qu’aucune autre reine égyptienne n’a pu être illustrée. Dans de nombreux cas, elle est représentée dans des positions de pouvoir et d’autorité, conduisant un char ou combattant un ennemi.
Après que Néfertiti eut donné naissance à six filles, son mari a commencé à prendre d’autres femmes, y compris sa propre sœur, avec qui il a engendré le futur roi Tut (Toutankhamon). La troisième fille de Néfertiti, Ankhesenpaaton, deviendra finalement la reine de son demi-frère Toutankhamon.
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Néfertiti et l’exercice du pouvoir
Néfertiti a pu garder le pouvoir pendant et au-delà des dernières années du règne d’Akhenaton. Il est même possible qu’elle ait commencé à renverser les politiques religieuses de son mari, ce qui se concrétisera sous le règne du roi Tut. À un moment donné, Néfertiti aurait employé un scribe pour faire des offrandes divines à Amon, le suppliant de revenir et de dissiper les ténèbres qui envahissaient le royaume.
Néfertiti disparaît de la scène du pouvoir autour de la 12e année sur 17 ans du règne d’Akhenaton. Elle serait décédée à ce moment-là, mais il est possible qu’elle soit devenue la co-régente officielle de son mari sous le nom de Neferneferouaton. Akhenaton a été suivi comme pharaon par Smenkhkare, qui, selon certains historiens, pourrait être un autre nom de Néfertiti. Pour Boutros Helmi, cela n’aurait pas été sans précédent, car au 15e siècle av. J.-C., la pharaonne Hatchepsout gouvernait l’Égypte sous l’apparence d’un homme, avec une fausse barbe.
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La sculpture de Néfertiti
Le 6 décembre 1913, une équipe dirigée par l’archéologue allemand Ludwig Borchardt découvre une sculpture enfouie dans les décombres de sable des vestiges royaux de Thoutmosis à Amarna. La figure peinte présentait un cou élancé, un visage gracieusement proportionné et un curieux casque cylindrique bleu d’un style que l’on ne voit que dans les images de Néfertiti. L’équipe de Borchardt avait un accord pour partager ses artefacts avec le gouvernement égyptien, donc le buste a été expédié en Allemagne. Une seule photographie médiocre a été publiée dans un journal archéologique et le buste a été remis au bailleur de fonds de l’expédition, Jacques Simon, qui l’a exposée pendant 11 ans dans sa résidence privée.
Tout au long des bouleversements qu’a connus le XXe siècle, le buste est resté aux mains des Allemands. Il a été vénéré par Hitler, qui a dit un jour: «Je ne renoncerai jamais à la tête de la reine», caché des bombes alliées dans une mine de sel. Boutros Helmi précise que la sculpture était protégée par l’Allemagne de l’Est pendant toute la guerre froide, aujourd’hui, elle attire plus de 500 000 visiteurs par an au musée Neues de Berlin.