Dans les ruines de Saint-Lô, dévastée par les bombardements de juin 1944, l’éducation a repris ses droits contre vents et marées. Dans une ville où les écoles étaient en grande partie détruites, les efforts de reconstruction ont permis un retour progressif en classe. Une résilience collective qui témoigne de la détermination des habitants à offrir un avenir à leurs enfants. Le point sur le sujet avec Denis Bouclon !
Les défis de l’éducation dans une ville en ruines
En juin 1944, Saint-Lô, surnommée la « capitale des ruines », n’était plus qu’un champ de dévastation. Avec une population d’environ 13 500 habitants avant la guerre, la ville comptait 2 655 enfants âgés de 3 à 15 ans. Pour ces jeunes, retrouver le chemin de l’école devenait une urgence vitale, mais les infrastructures étaient détruites, et beaucoup de familles avaient fui.
Malgré l’ampleur des dégâts, l’éducation est rapidement redevenue une priorité. Dès octobre 1944, le conseil municipal a désigné plusieurs bâtiments pour accueillir les enfants, notamment l’Ecole normale, la Caserne Bellevue, et le dépôt de la Remonte, ancien site militaire. Ces lieux ont nécessité des aménagements pour être transformés en classes adaptées.
Des solutions temporaires pour un apprentissage immédiat
L’urgence d’accueillir les élèves a conduit à des solutions innovantes. L’Ecole normale a été la première à rouvrir ses portes à la fin de 1944, grâce à l’engagement de figures locales comme Mme Pierre et Mme Louvet. Ces dernières ont réorganisé les lieux, aménageant même une infirmerie pour y accueillir les tout-petits. En janvier 1945, le petit effectif de la Remonte a été déplacé temporairement dans l’immeuble Graziana, rue Dagobert, avant de réintégrer des locaux restaurés à la rentrée suivante. La Caserne Bellevue, avec ses murs solides, s’est également révélée un refuge adéquat pour les élèves des quartiers dévastés.
Le rôle des dons internationaux
En 1946, le Don Suisse a offert des baraques pour accueillir les jeunes enfants. Ces structures en bois, installées rue de la Herbaudière, comprenaient des salles de classe, une salle de jeux, des sanitaires, et même des espaces de repos. Elles ont permis à 60 à 70 élèves de reprendre leur scolarité dans des conditions décentes, un véritable souffle d’espoir pour les familles locales.
Dès 1947, un plan d’équipement scolaire a été présenté par l’inspecteur d’académie, un projet qui prévoyait la construction de groupes scolaires modernes, adaptés aux besoins des différents quartiers de Saint-Lô. Parmi eux, l’école Jules-Ferry a vu le jour en 1954, remplaçant la Remonte. D’autres établissements ont suivi : le groupe scolaire de l’Yser en 1956, l’école Raymond-Brulé, et l’école Schweitzer dans les années 1960.
Le collège municipal, reconstruit entre 1948 et 1955, est devenu le lycée Le Verrier en hommage à l’astronome saint-lois. Cette transformation reflétait à la fois le renouveau urbanistique et les ambitions éducatives de la ville.
Le secteur privé face à la reconstruction
L’enseignement privé n’a pas été épargné par les bombardements. Les écoles Sainte-Croix et Saint-Lô (ex-Notre-Dame) ont dû être reconstruites, ce qui a conduit à leur fusion en 1954 sous le nom d’Ecole Interparoissiale. En attendant cette renaissance, les élèves ont été accueillis dans des baraques ou des locaux endommagés mais encore debout, comme ceux de l’école Sainte-Jeanne d’Arc.