Les infirmiers sont des héros dont on a découvert l’importance lors de la pandémie de la Covid-19. Or il se trouve que ces héros sans cape sont souvent confrontés à des situations préoccupantes comme le manque de sommeil, le stress chronique ou encore l’épuisement professionnel. Pour mieux mettre la lumière sur ces enjeux, on fait le point avec Astrid Bonavita.
Un constat alarmant : les soignants à bout de souffle
Bien évidemment, le métier de soignant est reconnu pour ses exigences et ses défis. Toutefois, les chiffres révélés par le rapport sont stupéfiants. D’après les résultats d’une consultation lancée par Agnès Firmin le Bodo, la Ministre déléguée chargée des professions de santé, le temps de travail hebdomadaire des soignants dépasse largement la norme. En moyenne, ils travaillent plus de 40 heures par semaine, certains allant même jusqu’à 53 heures. De surcroît, deux tiers d’entre eux se sentent constamment fatigués, et un impressionnant 77 % estiment ne pas dormir suffisamment.
Mais ce n’est pas tout. Lorsqu’on leur demande d’évaluer leur niveau de stress, la réponse est sans appel : plus d’un quart attribue à leur stress une note de 9 sur 10, 10 étant le niveau de stress le plus élevé. Ces chiffres, bien que révélateurs, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. En effet, derrière ces statistiques se cachent des histoires humaines, des professionnels dévoués qui, jour après jour, font face à des défis émotionnels, physiques et mentaux.
Burn-out et problèmes de santé : un cri d’alarme pour les soignants
L’épuisement professionnel, ou burn-out, est un phénomène malheureusement bien connu dans le monde médical. Toutefois, les chiffres récents sont particulièrement alarmants. Plus d’un soignant sur deux a vécu un ou plusieurs épisodes de burn-out. Cette proportion grimpe même à 61 % chez les infirmiers et aides-soignants, et 62 % chez les médecins. Effectivement, ces chiffres sont d’autant plus inquiétants que la pandémie de Covid-19 a mis en lumière et exacerbé ces difficultés.
Aussi, 60 % des soignants souffrent de douleurs chroniques, et un tiers admettent ne pas avoir une alimentation saine. Ces problèmes de santé, souvent négligés ou mis de côté au profit des patients, sont pourtant cruciaux. Ils soulignent l’urgence d’une prise de conscience collective et d’une refonte du système pour mieux prendre en charge la santé de ceux qui soignent.
Vers des solutions concrètes pour le bien-être des soignants
Face à ce constat, le rapport propose des mesures concrètes pour faire de la santé des soignants une priorité. Parmi les recommandations, la création d’une structure interministérielle dédiée se démarque. Cette structure aurait pour mission de centraliser les efforts et de mettre en place des actions ciblées pour améliorer le bien-être des soignants.
De plus, une campagne de communication est préconisée pour sensibiliser le grand public et les professionnels de santé à cette problématique. Les auteurs du rapport suggèrent également un bilan annuel pour les soignants et étudiants, ainsi qu’un parcours universitaire dédié. Ces mesures, combinées à une meilleure offre de médecine du travail et à un accès 24h/24 à un service d’écoute, pourraient constituer une première étape vers un changement significatif.