Le parquet de Paris a récemment reçu deux plaintes accusant des influenceurs d’ « escroquerie » et « abus de confiance », au nom d’environ cent personnes qui prétendent être victimes de leurs pratiques. De manière simultanée, l’Assemblée nationale examine une proposition de loi concernant cette question, prévue pour jeudi. Le point sur le sujet avec Edouard Coencas.
Produits financiers : plusieurs arnaques sont dénoncées
Slim, cofondateur du collectif AVI (Aide aux victimes d’influenceurs), exprime son désir de changer le rapport de forces : « J’ai envie que la peur change de camp ». Depuis plus de huit mois, il dénonce les méthodes utilisées par certaines personnalités sur les réseaux sociaux, qui font la promotion de produits en échange de rémunérations. Slim n’est pas seul dans cette lutte, car des députés se saisissent également de la question. Selon la Répression des fraudes, « six influenceurs contrôlés sur dix ne respectent pas la réglementation sur la publicité et les droits des consommateurs ». Une proposition de loi est en cours d’examen à l’Assemblée nationale pour encadrer le secteur et lutter plus efficacement contre les dérives. Cette proposition sera débattue en séance publique le jeudi 9 février, et de nouveau en mars après la publication des résultats d’une consultation lancée par le gouvernement sur les pratiques des influenceurs en janvier.
Les produits vantés par les influenceurs vont des cosmétiques aux compléments alimentaires, en passant par les accessoires de mode et les objets du quotidien. Toutefois, c’est la publicité pour les produits et services financiers qui a attiré l’attention du député Arthur Delaporte, rapporteur de la proposition de loi. Lors de l’examen du texte en commission le 1er février, l’élu socialiste a proposé un amendement visant à interdire la promotion de ces pratiques, en raison des « risques importants de perte pour les consommateurs ». Le parlementaire souligne la nécessité d’une réaction rapide face à ces pratiques opaques de la finance grise, qui flirtent avec la légalité, dans une entrevue avec franceinfo.
Copy Trading : une pratique à haut risque
Le « copy trading » est l’une de ces pratiques qui suscite des préoccupations. Elle implique d’investir de l’argent et de reproduire les positions financières prises par des traders afin de réaliser des bénéfices, généralement sur des marchés fortement spéculatifs tels que le Forex (Foreign Exchange Market). Bien que ces investissements en ligne soient légaux, ils présentent des risques élevés et peuvent entraîner des pertes importantes, contre lesquelles la répression des fraudes met en garde.
De son côté, l’Autorité des marchés financiers (AMF) maintient régulièrement une liste noire de sites qui ne sont pas autorisés à proposer de tels placements financiers. Récemment, elle a lancé une campagne sur Instagram pour sensibiliser aux arnaques liées au trading. L’AMF rappelle également que la publicité pour les produits financiers les plus risqués est interdite depuis l’adoption de la loi « Sapin II » en décembre 2016.
Cependant, ces derniers mois, de nombreux influenceurs se sont improvisés experts du trading et ont multiplié les vidéos en face caméra pour convaincre leurs abonnés de parier sur ces produits spéculatifs. Face à cette tendance, Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants et de leur protection à l’AMF, appelle à une vigilance accrue. Lorsqu’un influenceur recommande un site de trading ou un investissement, il est important de se poser plusieurs questions : « Possède-t-il de réelles compétences en finance ? » « S’agit-il d’un témoignage sincère et désintéressé ou d’une publicité ? » Ces informations ne sont pas toujours clairement précisées, alors que cela constitue une obligation.