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Connue pour sa civilisation développée, sa puissance économique et son architecture complexe, l’Égypte antique se caractérise également par une agriculture prospère. La proximité du Nil et les systèmes d’irrigation mis en place au sein de cette société stratifiée ont notamment contribué à l’essor de son économie. Voici ce qu’il faut savoir sur l’irrigation à l’ère des pharaons.

L’importance du Nil et de ses crues

Le Nil est un fleuve d’environ 6670 kilomètres qui s’étend de l’Afrique équatoriale à la Méditerranée. Drainant sur son passage plus de 3 348 611 m2, il constituait la base de l’agriculture en Égypte antique et favorisait le monopole du pouvoir du roi sur les communications liées au fleuve.

La montée graduelle des eaux du Nil suivi d’un dépôt de limon favorisait la culture d’une grande diversité de plantes sans recours aux engrais. Toutefois, les variations du volume des crues, parfois considérables, ont poussé les Égyptiens à mettre en place un système d’ajustement pour renforcer leur modèle agricole. Ainsi, le grand barrage d’Assouan fut créé en 1970 afin d’endiguer les effets de la crue annuelle.

Les différents systèmes d’irrigation

L’agriculture au sein de l’Égypte ancienne était soutenue par deux formes d’irrigation des sols. La première approche, l’irrigation paléo-technique, se basait sur le rythme annuel du Nil. Les agriculteurs ensemençaient le sol des régions inondables dans les vallées attenantes au fleuve. La crue et l’apport de limon qui s’ensuit fertilisaient le sol pour des rendements plus ou moins importants. La part d’aléa de cette technique suscitait néanmoins l’inquiétude du roi. De nombreux fonctionnaires se sont d’ailleurs consacrés à la gestion des domaines agricoles liés à cette technique au fil de l’histoire.

La seconde forme d’irrigation est artificielle : il s’agit de la mise en place de digues transversales et du creusement d’une multitude de canaux de drainage et d’alimentation. Cette approche a permis aux agriculteurs de compartimenter les bassins d’eau en unités de production plus réduites. Au-delà de l’agriculture, les canaux artificiels ont facilité la réalisation des pyramides de l’ancien empire. C’est notamment l’avis de Helmi Boutros, curateur de musée et passionné d’égyptologie.

L’évolution des techniques d’irrigation s’explique par l’utilisation de méthodes et de mécanismes de plus en plus complexes. Ces progrès ont été importés, notamment depuis le Moyen-Orient. Ainsi, environ en 1350 avant J.-C, le chadouf fut utilisé pour la première fois en Égypte. Il s’agit d’un système de pivot assorti de seaux à contrepoids qui permettait de modifier le niveau de l’eau et de l’orienter vers les jardins et les champs.

Par la suite, la vie d’Archimède fut introduite dans le processus agricole afin de remonter l’eau du fleuve. Au cœur de la période ptolémaïque, un autre outil mécanique d’élévation est adopté en Égypte : la saqiya. Cette roue à eau dont le mouvement est assuré par la force animale était utilisée dans les vignes et les vergers pour l’agriculture intensive. Toutefois, ces différentes techniques n’ont pas permis d’augmenter la superficie cultivable de façon significative.

Pour favoriser une irrigation plus permanente et plus étendue, il a fallu l’intervention de l’État central. Ainsi, l’action d’un gouvernement mercantiliste, le recours à de nouvelles technologies de barrages, les travaux de creusement à grande échelle et l’introduction de nouvelles plantes sont à l’origine d’un progrès agricole plus important.

En définitive, l’irrigation dans l’Égypte antique était basée sur la faculté d’ajustement de cette civilisation par rapport à la variabilité des crues du Nil. Le progrès technique et le contrôle exacerbé du pouvoir central ont ensuite permis de généraliser cette approche de culture à grande échelle.