Sélectionner une page

Symbole de pouvoir s’il en est, le lit royal représente la quintessence du prestige propre aux rois et reines à travers l’histoire. Depuis le Moyen-Âge, les lits des souverains faisaient partie intégrante de l’apparat des cérémonies, une tendance qui se confirme par la suite. Sauf que les rois avaient souvent plusieurs lits… S’ils préféraient parfois dormir sur un lit simple, ils ne recevaient en revanche que dans leur lit d’apparat. Le point sur le sujet avec Nation Literie.

Lit royal, un lit « béni »

On prêtait aux lits des souverains toutes sortes de croyances et de superstitions. C’est ainsi que le soir des noces, la tradition voulait que le lit soit béni par le prêtre. A l’époque, on aimait faire croire aux femmes que le lit avait le pouvoir de dénoncer les éventuels écarts conjugaux. Tout un monde de superstitions plus ou moins loufoques allaient naître de cette croyance. Par exemple, on avait tendance à intégrer un accessoire au lit (bijou, diamant, pierre d’aimant…), qui aurait la capacité d’expulser l’épouse adultère, soupçonnée par son mari mais en l’absence de preuves. On croyait également que les diamants protégeaient les épouses contre les diables. Sur un autre registre, l’église intimait aux époux de procréer. Elle imposait aussi de faire l’amour dans une position spécifique : avec la femme allongée sur le dos.

A partir du XIIIe siècle, l’église mise tout sur le mariage pour mieux contrôler la société. C’est ainsi que le mariage devient un sacrement, et que faire chambre à part pour les époux était proscrit. Cela dit, ceux d’en haut, à savoir les fortunés et les aristocrates, faisaient fi de cette directive, et continuaient à dormir seuls et à séparer les appartements du mari et de la femme. Ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que le lit double se généralise dans les villes françaises, particulièrement chez les bourgeois dont il était le socle. Autre fait intéressant : les rois et les plus fortunés avaient tendance à dormir assis, et non couchés. Ce fut en effet le cas sous l’Ancien Régime. La raison ? Une énième superstition : on pensait à l’époque que la position allongée attirait la mort.

Le lit médiéval dans les châteaux forts

Reconnaissable à son encadrement en bois monté sur une estrade, le lit médiéval se composait principalement d’un matelas de paille, d’une couette, de draps, couvertures, courtepointes et fourrure, le tout étant cerné par des tentures ou courtines, ce qui isole complètement le lit, en faisant un espace cloisonné à l’intérieur de la chambre. A partir du XIIIe siècle, on ajoute à la tête du lit un dossier, souvent peint. Ce dernier montera jusqu’au plafond sur les lits du XIVe siècle, formant un ciel de lit au-dessus du dormeur. Bien qu’il puisse sembler fantaisiste, ce dispositif a surtout été créé pour des raisons pratiques. A l’époque, les maisons avaient souvent des toitures recouvertes de paille, outre le fait que les pièces n’avaient pas de plafond. Ainsi, il était courant que des insectes ou des déjections d’oiseaux tombent sur le lit. Au fil du temps, le ciel de lit devient plus artistique, inspirant notamment la création des lits à baldaquin, lit favori des maisons bourgeoises et des châteaux.